21 octobre 2014
Focus sur le rôle de directeur de course avec Pierre Delettre
Alors que la dixième saison des World Series by Renault vient de s’achever, nous avons choisi de nous intéresser de plus près au rôle de Pierre Delettre, l’un pilier du championnat en sa qualité de directeur de course de la Formula Renault 3.5 Series et de l’Eurocup Clio. S’il a exploré le monde entier et un large éventail de disciplines automobiles au cours de sa riche carrière, il est fidèle depuis onze ans à Renault Sport. Le 13 septembre, il était à Pékin en tant que directeur de course de la première manche du Championnat FIA de la Formula E, nouveau championnat dont Renault Sport est partenaire technique.
10 SAISONS EN WORLD SERIES BY RENAULT
Quel a été votre parcours ?
« Un peu comme Obélix, je suis tombé tout jeune dans la marmite du sport automobile, car mon père était directeur du circuit de Spa-Francorchamps. J’ai commencé en tant qu’organisateur d’événements en Belgique, puis j’ai dirigé des épreuves à partir de 21 ans. J’ai, par exemple, été pendant douze ans le directeur de course local du Grand Prix de F1 de Belgique, aux côtés du directeur permanent Charlie Whiting. Ma carrière internationale a débuté en 2003 et j’ai rejoint les rangs de Renault Sport l’année suivante pour la Formula Renault V6 Eurocup et la Formula Renault 2000 Eurocup. J’ai pris part aux World Series by Renault dès leur lancement en 2005. »
En quoi consiste le métier de directeur de course ?
« J’ai une vision globale de l’événement. Le jeudi, je fais l’inspection du circuit et je cale les activités piste avec les officiels locaux. Je mène aussi le briefing des pilotes, je suis responsable de la procédure de départ, de la décision d’exposer ou non le drapeau rouge, de faire sortir le safety car. J’ai aussi une mission de procureur, car je mène les investigations sur les incidents et je décide s’il faut les confier aux commissaires sportifs pour qu’ils les jugent. Je peux infliger certaines pénalités, par exemple lorsqu’un pilote provoque un drapeau rouge en qualifications. »
Qui vous assiste dans votre travail ?
« Il y a toute une équipe autour de moi, à commencer par Xavier Bonnet, qui s’occupe de l’Eurocup Formula Renault 2.0 et qui est mon adjoint pour les deux autres disciplines. Anne-Marie de Donder est mon assistante administrative pour le reporting, lequel doit être précis et sans discussion. Le chronométrage est assuré par l’équipe d’Alkamel. Et puis il y a un category manager qui assure les relations avec les concurrents de chaque discipline. Enfin, l’équipe des commissaires techniques. »
Quelle préparation menez-vous avant un meeting ?
« Dans le cas d’un nouveau circuit, comme celui de Jerez cette année, j’entame la préparation administrative deux mois avant la manifestation et je cadre tout en collaboration avec l’organisation des World Series by Renault, Renault Sport et RPM. Quand j’arrive sur un meeting, je rencontre les responsables du circuit et nous inspectons la piste pour identifier d’éventuels problèmes, faire des photos pour les présenter aux pilotes pendant leur briefing. Puis nous nous réunissons pour évoquer des points en rapport avec la réglementation des World Series by Renault : les commissaires de piste et de stands, les accès au parc fermé, les accès au circuit… »
Quel est votre plus beau souvenir en World Series by Renault ?
« La première fois que j’ai dirigé le meeting complet des World Series by Renault chez moi, à Spa-Francorchamps, en 2008. Après avoir collaboré à la construction des championnats, c’était un très beau moment d’avoir enfin les World Series by Renault à Spa-Francorchamps. »
UNE NOUVELLE EXPÉRIENCE AVEC LA FORMULA E
Comment s’est passée la première course de Formula E ?
« Très bien. Tout le monde retient des images assez spectaculaires, c’est bien la preuve que cela reste une vraie course automobile, même si c’est différent de ce que l’on connaît. Elle se déroule en ville et sur des circuits inédits. Il faut ajouter à cela le fait que la Formula E est électrique, ce qui constitue un défi très motivant tout en répondant aux besoins des nouvelles générations. »
Qu’avez-vous ressenti en donnant le départ ?
« J’avais pu me préparer grâce à deux simulations effectuées à Donington pendant l’été. Je l’ai abordée comme toute autre épreuve de monoplaces, les procédures étant extrêmement semblables. Il y a cependant beaucoup de particularités à gérer. Mais, après 30 ans de carrière, je n’ai pas été effrayé par la nouveauté. »
Quels sont les nouveaux paramètres que vous devez gérer avec la Formula E ?
« Etant donné que ce sont des voitures électriques, nous découvrons des paramètres d’énergie. La sécurité est particulièrement élevée, la FIA est allée très loin dans ses études. Il faut également penser à la formation du personnel, qu’il s’agisse des teams, des équipes de secours ou des commissaires. Par ailleurs, la Formula E emploie de nombreuses technologies très proches de la Formule 1, comme la télémétrie, le système GPS ou le marshalling system. Enfin, nous partons d’une feuille blanche sur chaque tracé. Il est forcément plus compliqué de courir en ville, surtout quand le circuit n’a jamais été employé. De plus, certains des pays que nos visitons n’ont pas beaucoup d’expérience de la course automobile. Nous devons donc aider les officiels du circuit et les guider dans leur travail. »
Compte tenu de votre expérience, les effectifs de la Formula E ont dû vous paraître assez familiers !
« En effet, j’ai eu le plaisir de retrouver une dizaine de pilotes issus de la Formula Renault 3.5 Series. Certains y couraient il y a peu, d’autres sont passés par la Formule 1 entre temps. Cela fait plaisir de retrouver de nombreux pilotes des World Series by Renault dans un plateau aussi prestigieux que celui du Championnat FIA de la Formula E. »
Comment voyez-vous l’avenir de la Formula E ?
« Tous les ingrédients sont réunis pour que ce championnat fonctionne. C’est une discipline destinée aux jeunes. Au lieu de créer un jeu vidéo à partir d’une course automobile comme on le fait traditionnellement, ici c’est le jeu vidéo qui se transpose dans le réel. Quant à l’aspect écologique, il permet de repousser les limites du sport automobile, d’explorer de nouveaux endroits. La Formula E ouvre le sport automobile à un nouveau public et c’est tant mieux. Cela fait partie de l’avenir ! »